Ernest Breleur Peintre

Auparavant, l'artiste composait minutieusement des sculptures filiformes et multicolores dont les matériaux empruntent à « la féminité ». Toute une population que le moindre souffle d'air dans l'atelier anime et fait vibrer. Une autre version de l'animation et du mouvement est aujourd'hui projetée sur la blancheur du papier. L'érotisme est plus fermement, ou plus explicitement, ou plus amplement assumé. La question de la naissance a finalement hanté toute la pratique artistique d'Ernest Breleur. Déjà, membre fondateur du groupe Fwomajé, dans la recherche plus tard laissée de côté d'une esthétique caribéenne, il peignait « L'oiseau et l'œuf » puis « Le mariage du soleil et de la lune ». Considérer signifie d'abord contempler les astres (sideria) pour savoir si la destinée était favorable, le moment opportun, le jour faste. Comme considérer, désirer appartient au langage des augures. Ceux-ci déchiffraient les signes du ciel pour répondre. Désirer veut dire alors regretter l'absence de l'astre ou du signe favorable.

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Le besoin de la lumière, la couleur retrouvée, le retour à la vie… après la vie. (ph Jerôme Michel) Le passage. Toute l'oeuvre d'Ernest Breleur y revient. En 2014, la galerie Maëlle expose à Belleville (Paris) ses derniers dessins. Le changement est radical. « Une perception lumineuse qui s'oppose à la gravité des œuvres radiographiques, » explique-t-il alors. Il parle d'un point de bascule et d'une nécessité de regarder maintenant en direction de la lumière. « Au moment d'aborder la courbe descendante vers la finitude (…), la question du vivant devient pour moi centrale. C'est le retour à la couleur: les rouges, les jaunes, les bleus, les teintes acidulées, comme si une vague de jeunesse me traversait. » L'exposition s'intitule justement « L'énigme du désir » et elle ne parle que de ça. De la vie qui ne s'arrête jamais, de ces corps qui se conjuguent, par le frôlement des ailes et le mélange des pollens. Saveurs (relatives) d'immortalité. « Ces paysages me positionnent dans le croisement des imaginaires.

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Une population se renouvelle constamment sous la fièvre figurative d'un désir qui, de l'artiste, brûle la main. Désir énigmatique que celui de l'artiste sidéré. Que montrent les dessins? On peut croire qu'ils expriment un culte secret: à un astre, des étoiles, une constellation. Ne disent-ils pas, tout au contraire, le nécessaire renoncement à la voie lactée et à ses éblouissants azurs? Entre l'au-delà et l'ici-bas, Ernest Breleur ne tranche pas. La parole est suspendue, le secret conservé, la nostalgie intacte. Ernest Breleur a toujours pratiqué le dessin. Il a réalisé de nombreuses études au crayon et au feutre pour sa série de peintures « Mythologie de la lune ». En revenant en arrière, on y reconnaît aisément les corps qui peuplent « L'Énigme du désir », sauf qu'alors, ils sont acéphales. Ils sont aujourd'hui entiers, entêtés, toujours aussi charnus et, comme en apesanteur dans de l'air ou de l'eau, du ciel ou de la mer. C'est la multiplicité, l'incommensurable qui occupent l'espace, à proportion de la taille de la feuille de papier.

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L'exubérance baroque des formes et des couleurs exhibe l'ivresse singulière qui préside à une pratique ancienne mais aujourd'hui autonome. Toute une « poétique de la relation », pour reprendre l'expression d'un compagnon de l'artiste, Edouard Glissant, se forge dans des rondes qui constituent un motif caractéristique de la peinture et des dessins d'Ernest Breleur. Non sans démesure. Ces corps sont sans couleur, ils sont images formelles de tourbillons sous-marins qui évoquent tout à la fois la profondeur des gouffres et l'intensité du plaisir. Les femmes-poissons entrelacées dans l'île-monde – le tout-île du monde – dévoilent la mystérieuse alchimie de la vie. Autrefois, quand Ernest Breleur travaillait sur l'autre versant de la vie, son côté mortel et mortifère, naissaient – aussi – des figures masculines, faites de radioscopies détournées de leur usage médical. Elles ont disparues avec ou dans « L'énigme du désir ». Comme s'est envolée aussi toute pesanteur. Le poids des corps s'est dissipé dans la légèreté des mouvements.

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Un corps qui se révèle au travers d'une imagerie rendu possible grâce aux rayons X. Ernest Breleur intervient sur l'intériorité d'un corps irradié, il intervient sur l'envers de la peau. Voici déjà plus de 28 ans que l'artiste utilise la radiographie, aujourd'hui encore, et loin d'avoir saisie toutes les possibilités qu'il offre, Ernest Breleur l'interroge inlassablement. L'artiste pense qu'en allant sur d'autres rivages du monde, il perçoit mieux le sien. Son travail actuel est allé vers de nouvelles solutions plastiques et de nouvelles formes. Pour l'artiste si l'oeuvre est porteuse de sens, les questions esthétiques et étiques sont fondamentales dans leur rapport avec les violences de la mondialisation. Fort de toutes les rencontres avec entre autres Edouard Glissant, Patrick Chamoiseau, ou encore Milan Kundera, Ernest Breleur est un artiste français incontournable. Lire plus Découvrez nos sélections d'œuvres d'artistes Besoin d'un coup de pouce pour trouver votre coup de cœur? Consultez nos pages de sélections faites pour vous.

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Vernissage le dimanche 5 juin 2020 de 14h00 à 18h00. Exposition présentée du 5 juin au 16 juillet 2022.

Il s'est agi pour moi de ne jamais considérer une série comme un aboutissement, mais comme une étape ouvrant encore sur de nouveaux questionnements. La nécessaire obligation d'échapper à une possible complaisance vis à vis de ma pratique me demande de ne jamais accepter mes réalisations comme accomplies ou comme summum de mon exercice pictural, mais seulement comme une possibilité de l'émergence de nouveaux possibles. L'artiste dans l'exercice périlleux de la création artistique, même sur le fil du rasoir doit être un funambule lucide, et ne doit jamais oublier de se remettre en cause. Il ne trouve jamais, il cherche toujours. C'est dans le toujours que se construit l'épaisseur de l'œuvre et que l'on exerce des prises de risques. De la Mythologie de la lune (1989) à la série des Christ (1994), J'ai constamment été distant avec l'histoire coloniale et plus encore avec les questions liées à la recherche de notre identité. La question de l'homme, de la mort et de la vie, de l'altérité sont au centre de mon travail d'artiste, tout autant que l'expression contemporaine.