Peut On Critiquer La Démocratie 2

Pour la plupart des citoyens, la démocratie ne doit pas et même ne peut pas faire l'objet d'interrogations critiques. C'est aussi la position de nombreux théoriciens politiques. Certes, personne ne remet sérieusement en cause la préférence pour le régime démocratique. D'ailleurs, même si nous la considérons comme politiquement dangereuse, l'actuelle croisade des États-Unis en faveur de la démocratie peut difficilement être condamnée dans son principe, ce qui n'empêche pas que nous l'estimions hypocrite, contraire à la défense à long terme des règles démocratiques et funeste dans ses aspects concrets. Après tout, quel régime offre davantage de libertés et de garanties en faveur des droits essentiels de la personne et inscrit la pluralité dans sa constitution? Peut-on accepter que des tyrannies subsistent dans certaines régions du monde? Dès lors, la question n'est pas de savoir s'il faut promouvoir et protéger la démocratie contre ses ennemis. Bien sûr, nous devons le faire, quand bien même il nous faut discuter des moyens et des stratégies pour y parvenir.

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Thème déjà présent chez Platon, à la fin de La République: la démocratie signifie le règne desincompétents (puisque le démos est inculte). • critique marxiste: la démocratie masque la lutte des classes alors que, comme tout État, elle ne représente queles intérêts de la classe dominante (cf. la critique, dès La Question juive, de la Déclaration des Droits de l'Homme etdu Citoyen). « Au fur et à mesure que le progrès de l'industrie moderne développait, élargissait, intensifiait l'antagonisme de classe entre le capital et le travail, lepouvoir d'État prenait de plus en plus le caractère d'un pouvoir public organiséaux fins d'asservissement social d'un appareil de domination d'une classe. Après chaque révolution, qui marque un progrès de la lutte des classes, lecaractère purement répressif du pouvoir d'État apparaît de façon de plus enplus ouverte» [La Guerre civile en France, p. 60-61]. La conception marxistede l'État est ici résumée dans son principe essentiel: l'État capitaliste estl'appareil de domination de la classe ouvrière par la bourgeoisie, y compris parla violence comme ce fut le cas, par exemple, durant les journées de juin1848.

La seconde lecture de la question, plus radicale, permet des développements plus conséquents. Introduction On a tellement pris l'habitude de considérer que la démocratie est le meilleur des régimes politiques, ou du moins le « moins mauvais» (Churchill) que l'on risque de ne plus en voir les défauts éventuels. Ce d'autant moins que, dans l'histoire moderne, les régimes totalitaires — de quelque bord qu'ils soient — sont contestés ou renversés au nom d'une aspiration à la démocratie qui, dans le vocabulaire de l'époque, prend l'aspect d'une panacée. Qui oserait en effet critiquer le mouvement même d'un peuple vers sa libération? Qui — sinon le philosophe? I. Avantages classiques de la démocratie On se réfère dans cette partie aux analyses les plus canoniques de la démocratie «moderne»: ce qui peut se déduire du Contrat social (même si l'ouvrage ne constitue pas à strictement parler une théorie de la démocratie en ellemême) et Tocqueville. • La démocratie affirme que le pouvoir appartient au «peuple» (démos) souverain.