Exposition. La Peintre Marie-Claire Mitout Dévoile Ses Plus Belles Heures À Lyon

Car il s'agit bien dans son œuvre, par l'accumulation, l'insistance autant que la capacité à s'exiler de son propre protocole, d'interroger les empreintes d'existences qui gravitent autour de ses souvenirs, à réinventer le concept de voyeurisme pour en faire un outil de partage, une mise en commun de l'expérience qui nous intègre à ses côtés dans la perspective extérieure qui lui sert de base d'observation. C'est alors précisément dans la tension constante qu'elle entretient entre extériorité et implication de son propre affect que l'artiste parvient à faire de chaque « moment » une somme absolue de détails aussi proche de celle qui la suit qu'infiniment et essentiellement éloignée. Evadé de ses chaînes temporelles, l'instant s'empare sous son pinceau d'une nature nouvelle et redonne aux heures leur sens étymologique de « division » du temps pour fêter leur rencontre nouvelle avec leur homonyme « heur », cette chance heureuse, cette grâce qui nous isole, pour une seconde et pour l'éternité, hors du cours normal des choses.

Les Pas Perdus

Marie-Claire Mitout - Vit et travaille à Lyon Représentée par la Galerie Claire Gastaud, Clermont-Ferrand " Les Plus Belles Heures de Marie-Claire Mitout se présentent comme de simples scènes, des moments vécus, des lieux ou des situations observés et restitués en un long et impressionnant catalogue de petites gouaches sur papier. " Les sujets en sont divers mais récurrents: paysages, groupes de personnages dans des espaces extérieurs ou intérieurs, moments de vie intimes comme des repas, des baignades ou des siestes, mais aussi des visites de lieux culturels. Tous les motifs qui scandent ce vaste ensemble ne sont cependant pas abordés de la même façon; outre le fait que l'étendue temporelle de ce travail, commencé en 1990, atteste naturellement d'une évolution stylistique, cette diversité se manifeste surtout par la variété des points de vue adoptés et par leurs manifestations plastiques. LES PAS PERDUS | Marie-Claire Mitout et le cours des choses.. Tantôt en une visée unique, elle traduit un moment de contemplation devant un site choisi ou restitue l'émotion vécue d'un moment particulier, tantôt par jeux de fenêtres emboîtées, elle combine les différents éléments qui contribuent à raviver les souvenirs qui ont fait naître le désir de cette image.

Exposition. La Peintre Marie-Claire Mitout Dévoile Ses Plus Belles Heures À Lyon

Comme la fille du potier elle-même, figure allégorique. C'est comme une tâche sur un mur, un accroc dans l'ordinaire qu'elle ne peut plus ne pas voir et qui détourne son attention. Une forme d'intranquillité. Que ses dessins travaillent, calment ou détournent. Que le travail de la couleur, dans sa délicatesse, ses virtuosités, apprivoise. Elle se tient de côté, en retrait. Exposition. La peintre Marie-Claire Mitout dévoile ses Plus belles heures à Lyon. A part. Là où les autres avalent le monde de leurs yeux, s'y meuvent innocemment, elle considère le cadre de fenêtre qui le tient ainsi dressé dans son horizon mental. Elle se demande ce qu'elle parviendra à en emporter. C'est le propre de l'homme dit-on, depuis qu'il se sait mortel, qu'il considère le temps et l'anecdote que constitue sa propre existence. Mais, comme l'artiste Roman Opalka vouait son œuvre, et solidairement son existence, à regarder la mort venir, en conscience, décomptant le passage du temps, considérant sa propre altération physique, Marie-Claire Mitout, consacrant la sienne depuis le milieu des années 1990 à une forme de journal en image, fait œuvre de ce besoin, ce désir, cette pulsion qui appelle ou rappelle ce qui échappe dans le giron de la matière préhensible, lisible du tableau.

Les Pas Perdus | Marie-Claire Mitout Et Le Cours Des Choses.

« Nous devrions savoir d'abord que tout est loin à jamais, sinon ce ne serait pas la vie. » André Dhôtel (La nouvelle chronique fabuleuse) « Nous ressemblons à notre âme et notre âme, elle ne fait rien, jamais rien. Elle regarde par la fenêtre. Elle attend ce qui ne viendra pas, ce qui viendra sûrement. » Christian Bobin (Pierre, ) « Ce lieu que Proust, doucement, anxieusement, vient occuper de nouveau à chacun de ses réveils, à ce lieu-là, dès que j'ai les yeux ouverts, je ne peux plus échapper. Non pas que je sois par lui cloué sur place – puisqu'après tout je peux non seulement bouger et remuer, mais je peux le « bouger », le remuer, le changer de place-, seulement voilà: je ne peux pas me déplacer sans lui; je ne peux pas le laisser là où il est pour m'en aller, moi, ailleurs. » Michel Foucault (les corps utopiques) « En somme, il faut que ces mots soient tels, que, placés par moi, devant moi, comme des portes, ils s'aident eux-mêmes à s'ouvrir ». Francis Ponge (La fabrique du pré) Une œuvre est toujours trop grande pour soi.

Car la vie, dans le faisceau, l'enchevêtrement de vies voisines, comme le temps et les rivières, a cours. Elle fait de nous des croiseurs. Rêvant à la fenêtre passager d'une voiture ou installés dans un train, le paysage émane et se résorbe d'un seul et même mouvement. Il se donne et fuit, s'agrège pour se désagréger, pour n'exister durablement que comme impression fugitive, sensation. Et bientôt fiction composite et lacunaire. Et en regard, nos désirs de saisie, de stabilité, d'images-objets, sont déraisonnables, chimériques. Et pourtant insistants. Nos pensées travaillent constamment à nous figurer l'infigurable, à rapatrier toute chose fugace, passagère, composite dans le registre manipulable, domestique, des tableaux tels qu'à la Renaissance, Alberti en a défini la grammaire: un quadrangle semblable à une fenêtre à l'intérieur duquel se donne à lire l'histoire. Les cubistes, considérant le caractère composite de l'expérience, la relativité des points de vue et même de la vue elle-même, élaborèrent dans le champ même du tableau, un langage qui puisse y faire justice.