Nos Désirs Font Désordre

Pour Sine Qua Non Art, il accepte pour la première fois de collaborer avec une compagnie de danse. Créé en septembre 2021 au festival Le Temps d'Aimer à Biarritz, ce jardin des délices sème un désordre certain dans nos idées sur l'ordre esthétique et moral, pour que « nos pensées deviennent des fleurs », selon Béranger et Pranles-Descours. Si les directeurs de la compagnie Sine Qua Non Art sèment le désordre stylistique, c'est qu'ils braquent les projecteurs sur une culture trash et underground qui aspire ici au sublime. Le ligotage, moyen libératoire puissant et paradoxal quand il est confronté au désir (de danser), devient une invitation à faire la fête, où l'envie l'emporte sur l'entrave. Car les empêchements n'existent que dans la pensée! La preuve par la danse… La beauté de Nos désirs font désordre réside justement dans l'idée que la volupté visuelle et sensorielle, quand elle est dansée, dispense de tout passage à l'acte. C'est donc justement parce que ces images continuent à nous remuer insidieusement qu'elles peuvent alimenter une réflexion sur nos désirs.

Nos Désirs Font Désordre Para

"C'est vous la tête dans les fleurs qu'on croirait sans souci. " Alfred de Musset "Nos désirs font désordre" de Christophe Béranger et Jonathan Pranlas-Descours ©Marie Monteiro Une ambiance déchaînée La pièce semble bientôt terminée, les danseurs montent les marches du Théâtre de Chaillot, pour offrir au public les éléments de leurs parures. Des mains se tendent et cueillent les fleurs. Les deux chorégraphes ont souhaité montrer par cette pièce-épopée les réactions face aux difficultés, avec un message d'espérance: " Nous portons sur scène une communauté de femmes et d'hommes qui traduisent l'histoire de notre humanité. (…) Le changement peut enfin naître dans les corps quand la peur devient pouvoir. Dans notre réalité, sur scène, nos pensées deviennent des fleurs. " Avant les applaudissements, les danseurs ont rejoint le plateau. Mais tout est suspendu en un instant: un danseur immobile regarde le public, il vient de tomber et a entrainé avec lui un pot de fleurs. C'est en fait une nouvelle étape de la pièce qui bascule dans un moment de folie.

Un monde triste qu'on nous impose sans proposer d'autre alternative que le contrôle et la répression. La pièce dit tout cela, mais plus encore, elle propose une autre voie, celle de l'embellissement du monde, la jouissance de la liberté retrouvée une fois les entraves déliées, et une possible communion avec le vivant, la nature par la présence des fleurs. Comme le dit Christophe Béranger, la possibilité de se créer un eden, un paradis qui nous sauve de l'absurdité et de l'injustice, qui nous console de la perte du sens de nos vies, qui agit comme une forme de résilience, parce que nos désirs sont aussi des ordres, des exigences de beauté, de création pour réenchanter le monde. Nos désirs font désordre création 2020 SINE QUA NON ART Concept – Chorégraphie: Christophe Béranger, Jonathan Pranlas-Descours. Avec: Lucille Mansas (Fr), Sarah Deppe (Fr), Yohann Baran (Fr), Alexander Miles Standard (Uk), Yasminee Lepe (Chl), Hea Min Jung (Kr), Colas Lucat (Fr), Marius Moguiba (RCI), Vincent Clavaguera (Fr), Inés Hernández (Es), Jonathan Pranlas-Descours(Fr).